Une Transat Café L’Or Le Havre Normandie mouvementée, frustrante mais pleine d’apprentissage
- Louise LIECHTMANEGER
- 20 nov.
- 4 min de lecture
Pep Costa et Pablo Santurde del Arco ont franchi mercredi 19 novembre à 18h48 (heure de Paris) la ligne d’arrivée de la deuxième et ultime étape de la Transat Café L’Or Le Havre Normandie en 20ᵉ position. Au classement cumulé des deux étapes, le Class40 VSF Sports se hisse à la 16e place. Frustrant pour le duo Espagnol qui s'était fixé un autre objectif. Néanmoins, cette Route du Café aura été initiatique sur bons nombres de points et aura offert au skipper catalan une matière précieuse pour la suite de son projet sportif, dont l’échéance phare sera la Route du Rhum 2026 qu’il disputera en solitaire.

©Jean-Louis CARLI/Alea/Transat Café L'Or Le Havre Normandie
Une transat longue, complexe, et aux allures d’épreuve intérieure
L’option nord engagée dès les premières heures, une avarie structurelle majeure, une escale d’urgence aux Açores puis une fenêtre météo qui se referme progressivement : cette deuxième étape, exigeante de bout en bout, n'aura rien épargné à Pep et Pablo. À l’arrivée, c’est d’abord la longueur inhabituelle de cette traversée que Pep retient. « On est contents d’être arrivés, ça c’est sûr. On a l’impression que ça fait un mois qu’on est partis », sourit-il.
Entre la première étape musclée jusqu’à La Corogne, l’escale galicienne, le re-départ vers Fort-de-France, puis la halte forcée à Santa Maria, les heures se sont empilées comme jamais. La route septentrionale, ambitieuse et exigeante, leur promettait pourtant de belles opportunités. « On était très proches de duos solides, comme Corentin Douguet - Axel Tréhin ou Fabien Delahaye - Pierre Leboucher, sportivement ça se passait bien », se rappelle le Catalan.
Mais les choses basculent quand un élément structurel du bateau montre des signes inquiétants. « Ce qu’on a cassé, c’est un truc hyper important. Quand le bateau s’est mis à se déformer à l’intérieur, je me suis dit : “Ouah, c’est chaud !” » L’escale rapide aux Açores permet de repartir, soulagés mais conscients que le temps perdu pèse lourd. Et la suite ne fait rien pour aider : « La météo s’est refermée, et là on s’est un peu retrouvés tout seuls dans notre coin. »
Sans repères ni véritable match autour d’eux, Pep et Pablo poursuivent malgré tout, s’adaptent, acceptent les aléas et continuent d’avancer. « C’était dur sportivement d’accepter qu’on n’était plus en bagarre avec les gars du haut du classement. Mais pour finir, on a tout donné, on n’a pas de regrets. »
Casser, réparer, avancer : la fierté d’un bateau ramené en Martinique
Face à cette avarie majeure, la réaction du tandem a été immédiate et déterminée. « C’était la première fois que je rencontrais un souci matériel qui me pourrissait vraiment la course. Pas simple à accepter. Mais je suis fier de la manière dont on a réagi. »
Une dizaine d’heures à Santa Maria aura suffi à remettre VSF Sports en état de repartir vers les Antilles. « On a essayé de faire ça proprement. Le bateau bougeait beaucoup, il fallait être sérieux. » Une fois relancés, ils se battent jusqu’au bout et parviennent même à remonter quelques places dans les derniers milles. « C’est bien de ne pas avoir lâché, d’avoir ramené le bateau le plus vite possible en Martinique. »
L’arrivée a un goût particulier : celui d’un effort accompli malgré les obstacles, d’une traversée menée avec lucidité, et d’un duo soudé jusque sur la ligne.
Une expérience fondatrice pour Pep, en route vers la Route du Rhum 2026
Au-delà du résultat brut, Pep perçoit déjà ce que cette Route du Café lui apporte pour la suite. « Cette Route du Café était très importante en vue de la Route du Rhum. De fait, ça a été une grosse expérience. »
Le skipper repart avec une vision plus complète de son bateau, de ses propres réactions dans l’adversité et de la capacité à transformer un coup dur en progression. Le chantier qui l’attend sera conséquent : « Il faut refaire la pièce entièrement, et analyser le reste de la structure pour voir s’il faut renforcer d’autres zones. Un truc comme ça, ça ne doit plus arriver. »
Mais le Catalan aborde ce travail avec une clarté nouvelle, forgée par ces jours d’incertitude au large. Pour lui, cette Transat Café L’Or n’est pas seulement une épreuve qui se termine : c’est un jalon majeur dans son projet de coureur au large. Une traversée qui, malgré ses embûches, nourrit déjà la suivante. Celle où il prendra seul les commandes de VSF Sports pour affronter, en 2026, la mythique Route du Rhum
CLASSEMENT
Général provisoire post arrivée à Fort de France
Classement VSF Sports : 16e
Temps de course cumulé : 21j 1h 23mn 16s
Ecart au 1er Seafrigo -Sogestran (Guillaume Pirouelle-Cédric Chateau) : 1j 22h 48mn 30sec
Etape 1 : Le Havre - La Corogne
Classement VSF Sports : 4e
Temps de course étape 1 : 2j 19h 35mn 10s
Etape 2 : La Corogne - Fort de France
Classement VSF Sports : 20e
Temps de course étape 2 : 18j 5h 46mn 6s





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